Depuis l’automne 2019, une arrêté limite la circulation dans la forêt de Franois. Celui-ci a été pris alors que la sécheresse de l’été précédent a été particulièrement intense et impactant sur les forêts feuillues des avants monts du Jura.
La mise en place de cette réglementation est liée à la sécurisation du public fréquentant le massif forestier de Franois alors que l’intervention massive sur les arbres présentant des risques serait prématurée et certainement très violente pour les peuplements forestiers.
Des raisons sanitaires diverses
Les forêts et les arbres qui la compose sont comme tout les êtres vivants sujets à des maladies, parasites, dégradations diverses comme par exemple liées aux modifications de leurs conditions de vie.
Le hêtre et le frêne présents sur notre massif sont déjà depuis plusieurs années sujet à des dégradations liées à des champignons qui ont été particulièrement virulents. Le chancre du hêtre (Nectria ditissima) est bien présent localement, notamment dans la hêtraie répartie de part et d’autre de la route de Grandfontaine. La chalarose (Chalara fraxinea) est elle très virulente et provoque bien souvent la mort rapide des frênes sur lesquels elle se répand. Tous les frênes n’en meurt pas mais pour les arbres touchés, la défoliation, le pourrissement et le dépérissement qu’elle provoque déstabilise les arbres qui deviennent rapidement dangereux. Le frêne est relativement peu présent à Franois mais globalement répartis dans le massif compliquant une éventuelle veille sanitaire.
Ces deux atteintes sont des exemples d’agent pathogènes particulièrement notable actuellement, mais s’ajoute à cela, des modifications des conditions de milieu, on parle de facteurs abiotiques. En effet, ces trois dernières années, les températures moyennes ont augmentées et la pluviométrie à diminué notamment sur la période estivale qui correspond à la période de développement de la végétations.
Pour le hêtre et dans une moindre mesure le charme, la diminution de la présence d’eau dans le sol peut être fatale. Ces deux essences sont sensible à ces périodes sèches en été pouvant provoquer chez les arbres un phénomène similaire à la cavitation ou à l’embolie. La rupture de la montée de sève en période de végétation va ainsi provoquer une mortalité des arbres.
Parfois, la période de sécheresse ne sera pas à elle seule létale pour les arbres, c’est par exemple le cas chez les résineux qui résistent mieux (mais pas toujours) à des été sec et chaud. Cependant le stresse occasionné par la diminution de la disponibilité de l’eau dans le sol va rendre les arbres plus sensible à des parasites que l’on dira secondaires. C’est par exemple le cas de l’épicéa qui fut largement planté en plaine et qui dans ces conditions est aujourd’hui la cible d’attaques massives de scolytes. Ces petits insectes forent l’écorces des arbres pour s’y reproduire et y réaliser la première partie de leur cycle de vie. Les arbres stressés sont moins en capacité de lutter contre ces attaques et voient leurs système vasculaire rapidement détruit. La mort de l’arbre est alors très rapide et intervient en quelques semaines. Ce dernier exemple n’est pas présent sur le massif forestier de Franois mais illustre la rapidité de dégradation des arbres et des forêts lorsqu’elles sont dans des situations changeantes et qu’elles sont constituées d’un nombre limité d’essences.
Des actes de gestion raisonnés
Le choix d’une gestion douce et raisonnée de la forêt conduit à privilégier l’observation et l’échelonnement des interventions au lieu d’actes de gestion intenses qui consisteraient à couper l’ensemble des arbres en difficulté et présentant un risque. Ainsi, afin de pouvoir permettre de continuer à fréquenter la forêt, des opérations de sécurisation ont été priorisées aux abords des axes de circulation. Ces interventions se font généralement dans un périmètre équivalent à une hauteur de peuplement.
Le fait de ne pas intervenir au-delà ou de limiter les interventions à une récolte d’arbres arrivés à maturité et présentant de grosses difficultés sanitaires, a plusieurs intérêts.
Parmi les points positifs, on peut par exemple justifier cette non-intervention par le fait:
- de laisser une chance aux arbres qui ne sont pas totalement condamnés de pouvoir réagir positivement après le repos hivernal,
- de laisser sur pied des arbres morts qui constitueront un habitat pour de nombreuses espèces et notamment pour les prédateurs des parasites des arbres.
On peut également préciser que la récolte de ces bois morts, qui rapidement perdent de la valeur (même en bois de chauffage) représentent un coût d’exploitation plus important que ce qu’il ne peuvent dégager de recette. Ce coût financier peut parfois être doublé d’un impact sur le potentiel forestier quand il s’agit de parcourir le massif pour récolter des bois disséminés. Le passage répété d’engins lors de l’exploitation peut provoquer un tassement du sol très préjudiciable à sa fertilité.
Pour plus d'informations sur les problèmes sanitaires en forêt, vous pouvez consulter le site : http://ephytia.inra.fr/fr/P/124/Forets